Ça fait un moment que j’ai envie d’écrire cet article, je voulais en parler avec mon père, avec ma sœur avant de le publier, mais je ne trouve pas les mots pour le faire. Je les prie de m’excuser s’ils lisent cet article avant que j’aie pu réussir à leur en parler, mais ça devait sortir, ce n’est plus une envie, mais un besoin.
Il est des traumatismes que l’on vit dans son enfance que l’on a du mal à dévoiler à sa mère, de peur de la faire trop souffrir. En particulier quand elle traverse un divorce inattendu.
Et puis un jour, le temps passant, elle se porte mieux, alors on cherche le courage de lui parler.
Une fois le courage trouvé, on lui écrit une longue lettre, on lui parle difficilement des gestes déplacés que son frère a eu à votre égard.
Et là le couperet tombe, vous apprenez qu’en fait vous n’êtes pas seul, qu’il y a eu d’autres victimes de la même personne, une personne à qui vous tenez beaucoup, vous vous dites que si vous aviez parlé plus tôt, si vous aviez eu son courage, cela ne lui serait peut-être jamais arrivé.
Puis vous réfléchissez un instant et vous réalisez que cet oncle est, à l’heure actuelle, en train de savourer un repas en famille avec sa femme et …… sa fille.
Pourquoi ? Comment se fait-il qu’il soit tranquillement chez lui alors que votre mère, sa mère sont au courant des actes innommables de leur frère ? Comment se fait-il qu’il ait encore sa fille sous sa tutelle ?
Parce qu’il ne faudrait pas faire de mal à la grand-mère, qui souffrirait que ça lui revienne aux oreilles ? Et nous nôtre souffrance, notre besoin de justice, on en fait quoi ? On s’en tape ?
Parce qu’il est allé voir un médecin qui lui a donné un traitement. Parce qu’un médecin ne l’a pas dénoncé alors que le secret médical ne le protège pas pour ces actes et qu’il aurait dû le dénoncer, mais il ne l’a pas fait, faisant confiance à sa bonne foi. Sauf qu’il y a des maladies dont on ne guérit pas, et celle-ci en fait partie. Que vaut la parole d’un pervers ?
Puis vous vous mettez à la place de cette personne, vous essayez d’imaginer ce qu’elle vit, la trahison de sa famille, celle en qui elle avait confiance, celle-là même qu’elle a alerté pour réagir.
La culpabilité que vous éprouviez s’estompe un peu, car vous réalisez que cette trahison vous l’auriez probablement vécue avant elle, que ce monstre n’aurait pas été inquiété davantage qu’il ne l’a été, et qu’elle aurait finalement fini par vivre votre horreur.
Puis l’honneur et le courage viennent vous frapper de plein fouet en vous rappelant qu’il est toujours en liberté, mais que maintenant, vous n’avez plus peur de lui, vous n’avez plus peur de blesser votre famille, puisqu’apparemment cela ne la choque pas plus que ça.
Vous vous rappelez qu’il a une fille, encore jeune, pile dans l’âge de vos tourments.
Vous vous rappelez que vous avez 27 ans, qu’il vous reste 1 an pour agir, pour le faire payer, pour l’envoyer à sa place, loin des enfants innocents, les protéger de sa lubricité.
2014 sera chargée.