Publié par Zhom | Classé dans La vie quotidienne d'un père actif | Publié le 29-02-2012
La grande mode sur les statuts des blogs de maman c’est une petite anecdote du genre « Avant j’avais jamais de chocolat tartiné dans mon dos pour aller au boulot » suivi du « Mais ça c’était avant ».
Je pourrais vous faire tout un tas de petites anecdotes de ma vie d’avant mes enfant, mais j’ai pas envie de vous faire fuir. Non, ce dont je vais vous parler ici c’est de la façon dont j’imaginais ma vie avec des enfants et surtout, la façon dont je concevais leur éducation.
Avant tout, il a fallu que j’imagine ma vie avec des enfants … J’en ai toujours voulu, mais un truc vachement vague quoi « J’aurais des gamins un jour ». Un jour j’ai rencontré ma femme … Elle, elle en voulait des p’tiots, mais trop vite pour moi, du coup j’ai un peu bloqué le sujet, je n’y ai pas trop réfléchi.
Et un jour qu’on parlait des prénoms de nos hypothétiques enfants imaginaires, j’me suis rendu compte d’un truc. On était d’accord sur les prénoms !
Alors ça, c’est un truc supra important, imaginez -vous en salle d’accouchement, le bébé vient de sortir: « Non, chéri, on l’appellera pas Pierre-Henri ! Ce sera Abdel ! » « Trop tard, j’ai dit Pierre-Henri à l’auxiliaire pendant que la sage-femme te recousait » … C’est motif de divorce et de famille brisée ça non ?
Bref, on était d’accord sur ce point et c’est là que j’ai commencé à y penser … Très lentement vous dira ma femme, trop vite vous dira ma mère … Je me voyais père de 2 enfants à la trentaine … Un père autoritaire pour pas que mes enfants soient comme ces enfants-rois qu’on voit un peu partout, Maman s’occuperait de tout.
Quelques mois plus tard, j’ai demandé à ma femme si elle voulait bien un bébé, elle m’a fait la crise de larmes tout ça tout ça. De là, de fil en aiguille à force de papoter de bébé, j’ai découvert de nouvelles choses comme l’allaitement, la naissance respectueuse, le portage … Enfin la théorie de tout ça …
Puis la morveuse est arrivée, là ça a changé ma vie, je suis devenu progressivement une espèce de marshmallow gâteux, oubliant un peu les tracas de la vie, devenant hypnotisé par ce petit être baveur et gesticulant. Au début, je dois l’avouer, j’avais un peu de mal à la prendre dans mes bras, la changer (j’ai vomi la première fois où je lui ai changé un caca). On était potes à l’époque.
Quand on est revenus en métropole, je me suis retrouvé tout seul à la maison avec ma fille à m’occuper pendant que maman travaillait. Là, ma vie a basculé. Ce que je redoutais était en fait super. J’ai vu ma fille évoluer chaque jour. Commençant les bêtises. C’est là que ma vision de l’enfance a le plus changé. Mes parents n’ont jamais levé la main sur moi … Peut-être une fessée par ci par là, ah si, j’ai pris une baffe dans ma vie, je l’avais méritée (mais je n’en ai rien appris). Dans ma tête, avant c’était très clair … Une fessée ou une tape sur la main, ça n’a jamais fait de mal à personne, je ne suis pas mort, par contre je lui mettrais jamais une claque c’est trop violent.
Dans cette optique, un jour, j’ai mis une tape sur la main de ma fille pour une raison que je ne me rappelle plus. J’ai alors vu une expression dans ses yeux qui m’a terrifié. La peur mêlée à l’incompréhension. L’espace d’un instant je me suis senti méchant, sadique d’avoir fait mal à ma petite, de lui avoir démontré que c’était moi qui avait raison, non pas parce que je suis son papa mais parce que je suis le plus fort.
J’ai du coup réalisé que je m’étais trompé, que ma choupinette d’amour avait, l’espace d’un instant échangé son papa chou contre un méchant monsieur qui fait mal.
Je me suis donc intéressé à l’Éducation non violente, je m’y suis retrouvé, ça collait avec ma façon de penser, avec ma fameuse zen attitude (qui en désespère plus d’un d’ailleurs). Mieux encore, j’ai réussi à convaincre ma femme d’essayer, pour elle, la fessée était une réaction courante face à une bêtise. J’ai donc du, petit à petit lui expliquer « fais plutôt comme ci ou comme ça ». Résultat des courses, une petite bien plus obéissante qu’avant, et plus une seule fessée. Même si parfois maman s’énerve encore facilement, on a bien progressé tous les 3.
Maintenant, le petit est arrivé, je suis devenu un papa non violent, cododoteur, pro-allaitement long, porteur, gâteux, un peu laxiste je le reconnais et surtout qui veut toute une ribambelle de gamins courant dans la maison. Tout l’opposé d’avant. Mais ça, c’était avant …